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Les oiseaux de couleur

Il y a des milliers et des milliers d’années, sur une très, très, lointaine planète, un petit oiseau vraiment, vraiment minuscule. Mais sa taille n’était rien à côté de le couleur de ses plumes. Elles étaient rouges dans un monde où tout était…blanc. Les autres oiseaux étaient blancs. Le ciel était blanc. La mer était blanche. Les arbres, les fleurs, l’herbe et la terre étaient blancs.

Cet oiseau rouge, aussi petit était-il, n’avait nulle part où se cacher. Son plumage rouge vif état si voyant qu’il était telle une boule lumineuse dans ce monde uni. L’on aurait pu s’enthousiasmer, se fasciner pour ce petit être différent. Mais au contraire, sa différence gênait. L’on aurait pu lui pardonner sa petitesse. Mais cette couleur, si elle attirait les regards, repoussait le partage.

L’oiseau rouge était donc toujours seul. Et triste. Et en colère. Comment ses parents au plumage blanc avaient-ils pu avoir un petit rouge ? Et pourquoi ? Quel était le sens de sa venue au monde ? Que faisait-il dans un monde blanc, où était sa place ?

Et si, justement, sa place était ailleurs ? Ailleurs que parmi des êtres blancs, des vies blanches, des roches blanches ? Au-delà des limites de cette terre qui ne voulait pas de lui ?

Alors, avec bravoure, il étendit ses ailes et se mit à voler. Il monta dans le ciel, toujours plus haut, toujours plus loin. Il vola longtemps, très longtemps, fuyant les rivières aux grenouilles blanches, les montagnes aux aigles blancs, les déserts aux lézards blancs. Il ne se posa pas une seule fois et dormit en volant, battant toujours des ailes pour ne pas tomber. Il lutta, lutta, lutta…

Et un jour, quand il ouvrit les yeux, il vit devant lui un point bleu. Une tâche bleue dans son monde blanc. Et, sans qu’il ne sache pourquoi ni comment, il se mit à chanter. Son chant interpella l’oiseau bleu qui fit demi-tour pour le rejoindre. Ils n’eurent pas besoin de communiquer, ils avaient l’un et l’autre compris qu’ils fuyaient tous deux un monde qui ne voulait pas d’eux. Ils avancèrent de front dans le ciel blanc et le poids de leur tristesse se fit un peu moins lourd.

Le temps passa, ils volaient toujours, ne perdant courage. Ils avaient raison. Ils rencontrèrent un beau matin un troisième oiseau. Jaune, cette fois-ci. Et l’oiseau jaune, qui attendait, piégé dans sa solitude et son ennui, prit son envol pour rejoindre leur voyage.

C’’est ainsi qu’ils volèrent tous les trois à tire-d’aile.

L’oiseau rouge était parti, et pourtant il était bien joli.

L’oiseau bleu était parti, et pourtant il était bien gentil.

L’oiseau jaune était parti, et pourtant il était bon ami.

Un jour, ils redescendirent vers la terre. Ils se posèrent au milieu de nulle part, certains d’être arrivés. Les oiseaux jaune, bleu et rouge chantèrent en cœur et se promirent respect et amitié. Quelques mois plus tard, deux petits oisillons étaient nés. Un orange et un mauve. Puis d’autres couleurs apparurent au fil du temps. Les oiseaux eurent de belles plumes multicolores qui se mélangèrent encore et encore.

C’est ainsi qu’ils vécurent tous en totale harmonie avec la nature, les uns avec les autres, s’aimant tendrement, contemplant leur diversité qu’ils admiraient jour après jour avec fierté.

On dit qu’il y a même des oiseaux blancs qui se sont aventurés jusque dans cette terre de couleur. Ils y ont été accueillis comme des rois.

On dit aussi que de nouvelles couleurs ne cessent de naître et qu’elles ont tendance à s’échapper dans l’espace pour retomber en pluie d’étoiles filantes qui laissent quelques traces dans l’atmosphère qu’elles traversent…

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